Le choix des policiers médaillés pour leur engagement durant le mouvement des Gilets jaunes fait polémique, même dans les rangs de la police.
C’est le syndicat Unité SGP Police FO qui a mis le doigt sur la polémique en Seine-Maritime. Dans la liste des 5 000 policiers médaillés pour leur engagement durant le mouvement des Gilets jaunes, publiée le 16 juin 2019, figure un brigadier de Rouen (Seine-Maritime), qui est sous le coup d’une enquête pénale.
la liste des 5 000 policiers médaillés pour leur engagement durant le mouvement des Gilets jaunes:
https://www.documentcloud.org/documents/6205370-Arrete-Medailles-Ministre-De-L-intéRieur.html
Des enquêtes administratives en cours
En mai 2019, ce policier avait donné rendez-vous au commissariat de Rouen à un homme rencontré sur internet. Et il a fait monter la mauvaise personne dans son bureau, lui faisant baisser son pantalon. La victime a déposé plainte pour agression sexuelle. Une enquête administrative est en cours, l’inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie.Pour Frédéric Desguerres, le secrétaire régional du syndicat Unité SGP Police FO, « ce n’est pas exemplaire ». Le syndicat demande à ce que cette médaille lui soit retirée. La demande a été prise au sérieux, « notre hiérarchie a prévenu le ministère », assure le syndicaliste.
Mais plus largement, Frédéric Desguerres déplore cette « promotion Gilets jaunes ».
Je ne sais pas comment ils ont choisi cette liste de médaillés mais c’est incompréhensible. Certains collègues ont travaillé 13 week-ends de suite et ne sont pas dans la liste… Il fallait médailler les blessés graves ou tout le monde. Sinon, cela n’a pas de sens.
Les médailles de la discorde
Certains policiers, par solidarité avec leurs collègues non médaillés, ont même décidé de refuser cette décoration.« Certains, qui n’ont quasiment pas été sur le terrain, ont eu la médaille alors que d’autres, qui étaient dans la rue tous les samedis ne l’ont pas, c’est n’importe quoi… », souffle un policier de Rouen, qui souhaite rester anonyme.
De son côté, Médiapart pointe du doigt d’autres policiers, également sous le coup d’enquêtes administratives de l’IGPN, présents dans cette liste de médaillés.
Notamment un policier auditionné dans le cadre de l’enquête sur Steve, le jeune homme retrouvé mort après être tombé dans la Loire à Nantes, lors d’une intervention policière, le soir de la fête de la musique, le 21 juin 2019.
Également pointé, un des policiers auditionnés dans le cadre de l’enquête sur le décès de Zineb Redouane, survenu à Marseille après avoir été touchée au visage par des éclats de grenades lacrymogènes lancées dans son appartement le 1er décembre.
« Pour les blessés et les actions exceptionnelles »
Une source judiciaire, proche de ces dossiers, précise que pour l’heure, ces personnes sont « présumées innocentes ». Avant d’assurer que « les médailles leur seront retirées, s’ils sont condamnés ».Pour rappel, la médaille de la sécurité intérieure a été créée par le décret n° 2012-424 du 28 mars 2012. Pour obtenir une médaille, les policiers devaient remplir plusieurs critères : « Il s’agit des blessés et de ceux qui ont effectué des actions exceptionnelles, positives ou hors du cadre normal », précise cette même source judiciaire.
« Cette médaille est destinée à récompenser le personnel du ministère de l’intérieur ainsi que tout autre personnel, volontaire ou bénévole, œuvrant dans le domaine de la sécurité intérieure, pour les services particulièrement honorables, notamment un engagement exceptionnel, une intervention dans un contexte particulier, une action humanitaire ou l’accomplissement d’une action ponctuelle ou continue dépassant le cadre normal du service », poursuit la préfecture de Seine-Maritime.
Pour les fonctionnaires de police, « c’est la direction générale de la police nationale qui centralise les propositions d’attribution de la médaille et qui les transmet au comité de la médaille de la sécurité intérieure », continue la préfecture. « C’est ensuite le ministre qui valide en dernier lieu cette liste », ajoute cette même source judiciaire.
Une deuxième liste de médaillés ?
5 000 policiers, dont 160 en Normandie, figurent dans l’arrêté du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. « Ce n’est pas impossible qu’une nouvelle liste de médaillés soit créée, continue notre source. Car ces médailles portent sur la période de novembre à mai. Comme le mouvement des Gilets jaunes a continué, une nouvelle liste pourrait éventuellement être envisagée. »Pour l’heure, les médailles n’ont pas été distribuées en Normandie. « Mais il n’y aura pas forcément de cérémonie officielle, ces médailles peuvent être remises à différentes occasions », conclut la source judiciaire.
Ref
https://actu.fr/normandie/rouen_76540/mouvement-gilets-jaunes-choix-policiers-medailles-normandie-fait-polemique_26333628.htmlUne action contre les "les médailles de la honte"
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