Chasuble bleu et jaune sur le dos, depuis mars 2017, ils sont de toutes les manifestations à Toulouse. Chaque samedi depuis le début des Gilets jaunes, les membres de l’Observatoire des violences policières (OPP) sillonnent la ville en tête de cortège. Trois d’entre eux affirment avoir été agressés par les forces de police le week-end dernier. « Matériel de protection (masque et lunettes) arraché violemment, coups de matraque sur l’épaule, tentative de mise à terre par balayage avec coups et jet à terre de son casque de protection », énumère l’OPP dans un communiqué.
Pascal Gassiot, est l’un des trois hommes concernés. Il raconte : « C’était une manifestation classique. A Esquirol, nous avons tourné rue Saint-Rome, il y avait des slogans centrés sur les violences policières et sur Steve (noyé à Nantes lors de la Fête de la musique N.D.L.R.). Une fois à hauteur de la rue Baour-Lormian, dernière rue à droite avant le Capitole, il y avait une équipe mixte CRS/CSI. Il y a eu quelques invectives mais pas d’agression physique. Les forces de l’ordre ont fait une sommation, les manifestants sont restés. Alors que la situation n’évoluait pas, d’un coup, la lacrymo a été lancée ».
L’observateur raconte s’être réfugié avec un collègue dans l’alcôve d’une vitrine. « Des CRS nous ont arraché les masques et repoussé. On veut bien leur laisser le bénéficie du doute, peut-être que dans le tas, ils n’ont pas vu notre gilet. Mais le troisième observateur, dont nous avons été séparés, a été frappé après avoir indiqué qui il était ».
"Se maintenir sur les lieux après les sommations est constitutif d'un délit"
De son côté, la préfecture de la Haute-Garonne précise que la manifestation de samedi n’était pas déclarée, et que les membres de l’OPP « ont simplement déclaré qu’ils seraient présents ». Elle précise : « Un arrêté préfectoral interdisait toute manifestation ou rassemblement revendicatif du mouvement des Gilets jaunes sur la place du Capitole. Par deux fois, les manifestants sont allés au contact des forces de l’ordre pour y accéder. Après sommations réglementaires et ordre de dispersion, les forces de l’ordre ont dû faire usage de la force pour empêcher les manifestants de progresser. Il est rappelé qu’après les sommations réglementaires, toutes les personnes présentes dans la zone doivent quitter les lieux. Le fait de se maintenir sur les lieux, malgré les sommations et ordres de dispersion, est constitutif d’un délit ».
Dans son communiqué, l’OPP affirme que depuis la publication de son rapport en avril, ses observateurs sont soumis à une pression et à des insultes régulières de la part de certains membres des forces de l’ordre. Il « exige que ses membres clairement identifiables et dont la présence est systématiquement déclarée puissent mener à bien, en toute sûreté et liberté la mission qui leur a été confiée ».
Ref
https://www.ladepeche.fr/2019/08/05/toulouse-trois-observateurs-affirment-avoir-ete-agresses-par-les-forces-de-lordre-lors-de-la-manifestation-des-gilets-jaunes,8347867.php
rapport OPP
Un rapport accuse les policiers de Toulouse de «violences, à la limite de la bavure»
Après deux ans d’enquête, les membres de l’observatoire des pratiques policières de Toulouse dénoncent « un usage immodéré et disproportionné de la force publique » envers les manifestants. La préfecture de Haute-Garonne répond.
Deux ans d’observation, 50 manifestations, 24 observateurs et au final un rapport corrosif qui n’est pas tendre avec les forces de l’ordre toulousaines. Dans leur rapport rendu public ce mercredi matin, l’Observatoire des pratiques policières de Toulouse fustige les violences policières, et en particulier celles commises par la Brigade anti-criminalité. La liste de leurs récriminations est longue.
Les observateurs, parmi lesquels des chercheurs, des avocats et des militants de la Ligue des droits de l’Homme ou de la Fondation Copernic, dénoncent notamment « un maintien de l’ordre disproportionné et dangereux pour les libertés publiques lors des manifestations ». Des violences qui seraient progressivement montées d’un cran, et dont l’acmé aurait eu lieu samedi dernier. « Les manifestants ont été empêchés de défiler. En à peine une demi-heure, la manifestation a été nassée et gazée de façon très intense. Ça a été comme ça toute la journée. C’est un véritable scandale ! » s’insurge Pascal Gassiot, membre de l’observatoire.
« Criminaliser les Gilets jaunes »
De façon plus générale, les observateurs regrettent l’utilisation d’armes offensives comme les grenades pendant les manifestations, des armes utilisées sans que le contexte ne s’y prête, et à l’origine de nombreuses blessures chez les manifestants, comme chez les observateurs. En guise de preuve, les observateurs ont diffusé un film enregistré début mars à Toulouse montrant des policiers de la BAC lançant une grenade lacrymogène au pied des journalistes et observateurs, alors que rien ne le justifiait. Les accusations des observateurs sont graves : pour eux, la stratégie mise en place par l’Etat vise à « criminaliser les Gilets jaunes, les blesser et les insulter, afin de leur faire peur et de les dissuader de revenir manifester. »
« Le désordre est créé par les forces de l'ordre »
« L’ONU a demandé à la France d’enquêter sur l’usage excessif de la force », rappelle Marie Toustou, de la Ligue des droits de l’Homme. Sur le plan juridique aussi, les dérives sont notables, accuse Benjamin Francos, avocat au barreau de Toulouse : « Les personnes sont condamnées sur la seule base des déclarations des policiers. On peut également s’interroger sur la création d’une justice d’exception : les Gilets jaunes qui sont jugés le sont avec une grille tarifaire, il n’y a aucune prise en compte du parcours de la personne. Nous sommes dans une stratégie du chaos : le désordre est créé par les forces de l’ordre elles-mêmes, pour mieux légitimer les mesures répressives et la délégitimation du mouvement. »
L’avocat souligne qu’avec 39 condamnations, Toulouse est la deuxième ville la plus répressive de France. Les observateurs préconisent l’interdiction des grenades, le retrait de la police pénale (Bac), non formée au maintien de l’ordre, et la mise en œuvre d’un audit indépendant.
Dans un document communiqué en fin de journée, le préfet d’Occitanie, dénonce le rapport de l'Observatoire et estime que l'usage de la force par les policiers est « proportionné » et « encadré par la loi ». « Les très nombreuses manifestations qui se sont répétées en Haute-Garonne ont été très fréquemment l’occasion de voies de fait, d’atteintes aux biens et de destructions ainsi que de violences volontaires », ajoute le préfet.
https://www.ladepeche.fr/2019/04/17/un-rapport-accuse-les-policiers-de-toulouse-de-violences-a-la-limite-de-la-bavure,8137729.php
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