Sur place, pas mal de flics sont présents (ainsi que les renseignements territoriaux) et les gj se tâtent. L’action ne va-t-elle pas avortée sous la pression policière. Après un peu d’attente et quelques éclaireurs envoyés, des effectifs de police commencent à lever le camp et les gilets,jaunes tentent leur chance. Ils arrivent groupés sur les lieux du racket. Un policier, gazeuse à la main, s’approche pour parlementer. Finalement la police choisit de ne pas empêcher l’action ("vu le nombre que vous êtes, on va vous laissez faire, soyez prudents et mettez tous vos gilets") et très vite les gj se répandent sur tout le péage, levant les barrières, schotchant les caméras sous les acclamations sonores des automobiles.
(Selon les chiffres de Bercy, les radars détruits ou endommagés représentent un manque à gagner au niveau des ammendes de 660 millions d’euros.)
Ce même mardi 26 mars, 3 gilets jaunes ont été interpellés et placés en garde-à-vue. Tout remonte au matin du 26 janvier, à l’occasion de l’acte XI. Des employés de la métropole de Lyon (espaces verts) découvrent des bouteilles incendiaires planquées Place Antonin-Poncet. Dans un esprtit pas très gilet jaune, ils préviennent la police. Une enquête est ouverte par la cellule d’enquête lyonnaise dédiée aux gilets jaunes (créée le 7 janvier).
La police scientifique et technique pavient à identifier des empreintes digitales et de l’ADN sur le scotch et les bouteilles. Trois individus sont alors identifiés : deux hommes et une femme.
Après leur gardav’, tout va très vite : la femme va passer en maison de justice et du droit. Les deux hommes sont passés mercredi en comparution immédiate. L’un d’eux a demandé un délai pour préparer sa défense et les deux gilets jaunes ont été incarcérés par les juges en attendant leur procès qui se tiendra dans quelques semaines (le 19 avril).
Depuis le début du mouvement, 4 personnes (au moins) ont été incarcéré dans le cadre du mouvement des gilets jaunes.
Histoire d'une Interpellation le samedi 23 mars
Samedi 23 mars 2019, mon fils V, 19 ans, non violent, participait à la manifestation des gilets jaunes à Lyon. A ce moment-là, il était rue de la République. Un policier lui a fait une balayette, V est tombé et a reçu des coups de matraque sur la tête, la nuque, les jambes. La généraliste qu’il a vu par la suite a constaté des marques sur la hanche et une bosse à la tête. Ensuite, il a été plaqué contre un mur. Il a été fouillé. Des policiers l’ont emmené jusqu’à leur camion, en le tenant par le col devant les manifestants et en lui suggérant que ce serait drôle s’il se faisait caillasser.Il a été placé en garde à vue au commissariat du 8ème. Les policiers qui l’avaient interpellé ont porté plainte contre lui pour violence. Ce n’est que lundi midi que V a eu le soulagement d’apprendre que la plainte n’était pas retenue. Plusieurs entretiens ont eu lieu, afin de lui faire comprendre qu’il était dans de mauvais draps mais en restant évasifs. Normal, quelle faute pouvait-on objectivement lui reprocher ? Aucune, à part une participation pacifique à un rassemblement. En théorie, le gardé à vue a droit à 30 minutes de communication avec des proches. Mais V s’étant vu confisquer son téléphone, il n’avait pas notre numéro. Il a demandé qu’on cherche celui du fixe de son père, mais les policiers ont eu la flemme de chercher dans les pages blanches. Une « avocate » a été désignée. Mais elle passait son temps à dire à V qu’il lui cachait sans doute quelque chose, et elle a déclaré qu’elle n’avait pas le droit de contacter les proches.
On a demandé à V de consentir à un prélèvement ADN et de communiquer son code PIN. Il a refusé. Mais des lois récentes y obligeant, ça y était, la police tenait enfin un motif de garde à vue.
De notre côté, nous étions très inquiets de ne l’avoir pas vu rentrer. Le lendemain après-midi, j’ai obtenu à la gendarmerie l’information selon laquelle mon fils avait été placé en garde à vue, et qu’il aurait une audience au Tribunal de grande instance le lundi. Sans autre détail, par exemple sur les raisons. Donc, même si je sais que V n’est pas violent, j’ai pu tout imaginer !
Deux nuits en garde à vue, dans une cellule individuelle pourvue de : un matelas, une petite couverture, un robinet et des WC à la turque. Pour le PQ, réclamer ! Ni savon ni autre frivolité. Nourriture minimale. Sous-entendus moqueurs ou menaçants. Solitude, temps terriblement long où on doit envisager les pires scénarios. A tel point qu’une esquisse de sourire d’un gardien rappelle un instant que la chaleur humaine, ça existe, mais pas là... Refus de donner son livre à V (« C’est pas un centre de vacances ! »). Son pull avait été rangé dans son sac mis sous scellé, alors il reste en T-shirt tout ce temps.
Lundi 25 mars, nous l’avons attendu toute la journée au TGI, apprenant en début d’après-midi qu’il passerait en correctionnelle en juin, et les charges contre lui, grâce à sa nouvelle avocate (par chance, la première n’était plus disponible). C’est cette nouvelle avocate qui a obtenu qu’il ne soit pas placé sous contrôle judiciaire jusqu’en juin. V est sorti enfin à 17h. Sans son portable, gardé sous scellé. Ses amis, son père et moi avons eu l’immense joie de le prendre dans nos bras.
Reste à préparer sa défense pour juin, afin d’éviter, je l’espère, l’inscription au casier judiciaire et le sursis.
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