Il est donc un peu plus de 18h, ce jour-là, quand une centaine de manifestants se retrouvent du côté de Monthieu. Certains ont préparé un buffet. Après, les émotions de l’après-midi, ils sont heureux de retrouver leurs familles, de manger un morceau et de boire un coup ensemble. L’ambiance est encore à la fête malgré la présence de plus d’une cinquantaine de camions de CRS sur et autour du rond point de Monthieu. Des enfants jouent au ballon au pied des tours. Certains mangent des crêpes autour des stands. Les personnes discutent de ce qu’elles ont vécu et du contraste entre l’ambiance joyeuse de la manifestation et les réactions toujours plus vives des policiers. Zitoume raconte son incompréhension devant ce qu’elle a vu: « Place Saint François, une mamie s’est fait gazer alors qu’elle promenait simplement son chien et que les manifestants s’en allaient. » Elisabeth, 55 ans, témoigne : « J’ai été gazée sans que je comprenne pourquoi. J’ai failli me faire opérer de la thyroïde. On nous interdit les masques ! » Un street medic me confie que deux jeunes ont reçu des tirs de LBD, l’un dans la gorge, l’autre dans la jambe et qu’un troisième a fait une crise d’épilepsie. D’autres personnes, qui sont maintenant à Monthieu, sont soulagées de pouvoir se poser car les forces de l’ordre les ont fait descendre la rue de la Montat aux pas militaires. « Quand des manifestants, essoufflés, voulaient ralentir leurs marches, des policiers les bousculaient avec leurs matraques ! » témoigne un soignant. Enfin, maintenant, tout est calme autour des stands et chacun se restaure !
Quand soudain, sans que personne ne comprenne ce qu’il se passe, les 200 CRS présents à Monthieu lancent des grenades lacrymogènes. Damien me confie : « Je n’ai pas compris les réactions des policiers ! Nous étions tranquillement en train de boire un coup, quand ils se sont mis à nous bombarder ! » Samy témoigne: « une petite fille de 3 ans était là avec sa maman. Elle a été gazée ! » Damien ajoute : « Nous n’étions même pas sur la voie publique. Nous nous trouvions en bas de chez nous ! » une dame m’explique que « peut-être un jeune a lancé un projectile sur les forces de l’ordre ? En tous cas, si c’est cela, la riposte des policiers a été complètement disproportionnée ! » Isis, mère de 4 enfants, est encore sous le choc : « tout s’est passé très vite. Si il y a eu des sommations, je ne les ai pas entendues par contre, certains policiers de la BAC, un peu plus loin, criaient : « On est là pour vous baiser ! « C’était horrible ! » Marie, invalide, témoigne à son tour : « Nous étions tranquilles. Les policiers ont gazé toute la nourriture ! Les policiers devraient avoir honte quand des gens crèvent de faim et et que d’autres luttent pour pouvoir manger jusqu’à la fin du mois ! » Au bord des larmes, elle me confie qu’elle est encore bouleversée par ce qu’il vient de se produire. Plusieurs personnes autour d’elles ne trouvent pas les mots tellement elles sont choquées. « Pourquoi ont-ils fait cela ? Ils ont même jeté des grenades lacrymogènes au milieu du parc où jouaient des enfants ! » s’indigne Christelle « j’ai crié aux policiers qu’il y avait des enfants mais ils m’ont dit de « fermer ma gueule » et de les « laisser travailler » ! Comment est-ce possible ? » Un street medic me confirme ce que je viens d’entendre : « Oui, les forces de l’ordre ont lancé des grenades lacrymogènes sans se préoccuper des enfants présents. Nous ne savons toujours pas pourquoi ils ont agi ainsi ! C’est terrible ! Avec mes collègues des street medics, nous constatons chaque semaine l’intensification des violences policières ! Nous sommes écoeurés ! »
Le préfet et le maire de Saint Etienne auront-ils des explications à donner aux personnes qui ont subi ces jets de bombes lacrymogènes ou feront-ils comme si rien ne s’était produit ?
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