Le parquet de Paris a requis mercredi six mois de prison avec sursis contre un gilet jaune mulhousien, jugé pour avoir proféré des injures à caractère antisémites contre le philosophe Alain Finkielkraut en marge d’une manifestation parisienne du mouvement en février.
Il s’agit là d’une "véritable et rapide démonstration de haine et d’antisémitisme", a lancé la procureure, dénonçant "un antisémitisme qui se cache derrière un antisionisme".
Il est reproché au prévenu d'avoir crié plusieurs insultes et invectives à l'adresse du philosophe: "Espèce de sioniste", "grosse merde", "elle est à nous, la France", ou encore "sale race" ou "t'es un haineux et tu vas mourir".
Cité à comparaître par le parquet de Paris, le prévenu âgé de 36 ans devait répondre d'"injure publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion". Une qualification de ses actes qu'il conteste.
Le jugement mis en délibéré
Cet homme de 36 ans, cheveux ras, barbe et fines lunettes, a assuré avoir injurié le philosophe en raison de ses positions «sionistes» mais contesté le caractère antisémite de ces propos.
Dans des explications parfois confuses, ce vendeur en téléphonie en Alsace a expliqué avoir, à la vue du philosophe, été aiguillonné par sa "cause de cœur", "la cause palestinienne". "Je voulais lui dire mes prises de position", s’est-il justifié - sans s’excuser. Au sein des gilets jaunes, "il y a des gens d’extrême gauche, d’extrême droite" mais ils "sont aussi contre le lobby sioniste" dont l’académicien est, selon lui, une figure de proue, a-t-il affirmé.
Alain Finkielkraut, qui ne s’est pas constitué partie civile, est cependant venu témoigner devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel. Se disant "sioniste" au sens large du terme tout en expliquant militer "depuis 1981 pour la solution à deux Etats", israélien et palestinien, l’académicien a estimé que "l’antisionisme peut dans certains cas être une forme d’antisémitisme: on veut coudre sur la poitrine des juifs non plus l’étoile jaune mais la croix gammée".
Le jugement, ainsi que la décision du tribunal sur plusieurs recours de la défense, est mis en délibéré au 12 juillet.
L'accusé connu des services de renseignement
Le philosophe avait été violemment invectivé par des manifestants en marge de l'"acte 14" du mouvement à Paris, le samedi 16 février. La scène avait suscité une vague de condamnations par l'ensemble de la classe politique.
Barbu, gilet jaune sur le dos, visiblement très énervé, le prévenu, un vendeur de téléphones du Haut-Rhin, est l'homme le plus reconnaissable sur les vidéos qui ont circulé. Selon l’Alsace, ce Mulhousien de 36 ans est connu des services de renseignement. Il aurait "évolué en 2014 dans la mouvance islamiste radicale".
Il a perdu son emploi dans la téléphonie en Suisse en raison de cette affaire et "vivote" aujourd'hui avec sa propre entreprise en Alsace.
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