Gilet jaune roannais tabassé dans un fast food à Paris : un haut gradé reconnaît des violences
Une enquête de BFMTV, diffusée ce lundi 8avril 2019, revient sur les événements parisiens du 1er décembre, pendant l’Acte III des Gilets jaunes, particulièrement violent. Devant des images de manifestants, en premier lieu un Roannais de 26 ans, roués de coups par des CRS dans un fast food Burger King, un haut gradé de gendarmerie reconnait des violences policières. Une rareté depuis 5 mois.
Nathan Arthaud, originaire de Saint-Romain-la-Motte, matraqué par un CRS une vingtaine de fois dans un burger king.
« Triquez-les ! ». « Vous me les sortez, vous leur cassez la gueule ! ». L’enquête de la rédaction Grand Angle de BFMTV, Police : au cœur du chaos, diffusée ce lundi soir, risque de faire réagir. Elle revient sur les violences autour du mouvement des Gilets jaunes depuis 5 mois, notamment du côté policier, avec comme point de départ l’Acte III, le 1er décembre.
Parmi les séquences fortes, ce tabassage en règle de Gilets jaunes dans un Burger King par plusieurs CRS. Une vidéo tournée par les équipes de la chaîne Hors Zone Press, spécialisée dans les images au cœur des manifestations, montrait au premier plan un Gilet jaune au sol, matraqué aux jambes et aux bras, une vingtaine de fois. Un Roannais, Nathan Artaud, 26 ans, originaire de Saint-Romain-la-Motte, qui était venu manifester à Paris avec un ami originaire de Jas, près de Feurs.
Face à ces images, le colonel de gendarmerie Michaël Di Méo, commandant des gendarmes mobiles ce 1er décembre dans la capitale, délivre des paroles fortes devant les caméras de BFMTV : « Quand les manifestants parlent de violences policières et quand je vois ces images, je ne peux aller que dans ce sens. Oui, ce sont des violences policières. »
Une forme de mea culpa inédit, sachant que le gouvernement ne veut pas entendre parler de violences policières. « Quand j’entends parler de brutalité inouïe et illégitime [de la police], je suis sidéré, et c’est le mot le plus poli que je trouve. », lâchait le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, lors d’un discours dans un centre de secours en Meurthe-et-Moselle, en janvier.
Nathan, lui aussi, est sidéré. Et reste poli. « C’est une petite satisfaction d’entendre un haut gradé reconnaitre ces violences. Cela consolide mon ressenti. Mais est-ce que ce n’est pas encore un coup médiatique devant un fait accompli ? Les responsables se renvoient la balle sans arrêt. Et le gouvernement lui-même ne reconnaitra jamais rien. »
Selon la DGPN (Direction générale de la police nationale), citée par Libération, 174 enquêtes judiciaires, en rapport avec le mouvement Gilets jaunes ont été confiées à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) depuis le 17 novembre. Une vingtaine aurait été transmise au parquet de Paris. « Quand on voit toutes ces images, combien de flics sont tombés depuis 5 mois ?, s’interroge Nathan. Le pourcentage est très faible. Je ne suis pas vraiment confiant pour la suite de ces enquêtes. Je suis pessimiste par la raison, optimiste par la volonté », glisse-t-il, empruntant une citation du communiste italien Antonio Gramsci.
Car Nathan se dit non violent. Tourné vers l’écologie, il avait participé à la marche pour le climat à Lyon. « Je suis retourné à Lyon le week-end dernier pour la première fois en tant que Gilet jaune. Mais je reste bien derrière… » S’il n’a pas eu de séquelles physiques à son passage à tabac, il souffre encore psychologiquement. « J’ai passé quelques nuits difficiles et fait des rêves étranges. En manif’, j’ai rapidement un sentiment de peur qui m’envahit. Dès que je suis près des "Robocops ", je me mets en retrait. »
Une plainte contre X…sans suite
Revenu à Moulin, où il effectue une formation, il avait porté plainte contre X à la préfecture de Paris. « Je n’ai eu aucune nouvelle depuis. Silence radio. Je vais peut-être me diriger vers une autre instance. Je n’ai pas encore contacté d’avocat… » Car Nathan hésite. « Bien sûr, je suis la victime dans tout cela, mais je ne suis pas de nature procédurière. Je suis un peu inquiet des répercussions. Si je poursuis, ce n’est pas pour l’argent, mais juste pour que les policiers violents reconnaissent leur torts et soient punis. »
Le père de Nathan, Didier, habitant toujours Saint-Romain-la-Motte, a écrit au président de la République. « Je voulais des excuses privés présentées à mon fils de la part du ministère de l’Intérieur. » Il lui a répondu le 31 janvier en l’informant que le préfet, directeur général de la police nationale et le préfet de la Loire, avaient été saisis. Le 13 mars dernier, la préfecture de police de Paris l’a informé qu’une enquête IGPN avait été diligentée afin de « mettre la lumière sur les faits ». Sans réelles excuses. « J’encourage mon fils à poursuivre ses démarches pour que les policiers soient reconnus coupables de cette violence inouïe », a conclu Didier.
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